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    LE CHAT

     

    De sa fourrure blonde et brune
    Sort un parfum si doux, qu'un soir
    J'en fus embaumé pour l'avoir
    Caressé une fois, rien qu'une.

     

    C'est l'esprit familier du lieu ;
    Il juge, il préside, il inspire
    Toutes choses dans son empire ;
    Peut-être est-il fée, est-il Dieu ?

     

    Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
    Tirés comme par un aimant,
    Se retournent docilement
    Et que je regarde en moi-même,

     

    Je vois avec étonnement
    Le feu de ses prunelles pâles,
    Clairs fanaux, vivantes opâles,
    Qui me contemplent fixement.

     

     

    Charles baudelaire,
    Les Fleurs du Mal, 1857.


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